La consultation: un monde un peu improvisé
Le monde de la consultation est assez flou, très peu réglementé et tout à fait improvisé. Je ne dis pas que c’est correct ou pas correct, j’affirme tout simplement que c’est ainsi. Aucune loi ou règlement ne régit la pratique de consultation en affaires.
Autrement dit, du jour au lendemain, une personne peut décider de « démarrer sa propre entreprise », devenir consultante et offrir des services aux entreprises. Cette personne pourra s’afficher comme expert, comme ça, sans autre préambule ni validation.
D’abord je me questionne sur la définition d’un expert. À cet effet, la première définition du Larousse indique ceci :
« Qui connaît très bien quelque chose par la pratique ».
Donc, connaître très bien quelque chose nous indique que la personne est une experte? Laissez-moi en douter…
« Connaître très bien », est, à elle seule, une expression qui pourrait alimenter quelques discussions. Par exemple, une personne a travaillé pendant 2 ans en recrutement, elle pourrait s’autoproclamer experte et l’autre a travaillé pendant 10 ans dans ce même domaine et ne serait pas encore prête à avouer qu’elle est une experte. Ainsi donc, le titre d’expert lui-même pourrait être mieux encadré.
Vous savez probablement que plusieurs millions de dollars sont versés en honoraires professionnelles, seulement au Québec, à chaque année, à des milliers de consultants. Ce montant n’est pas sur le point de diminuer car les entreprises se tournent de plus en plus vers les consultants, afin de se faire aider pour un petit, un moyen ou un grand projet.
Cependant, comment savoir si le consultant-expert que l’entreprise a choisi sera le meilleur pour le mandat à combler?
Selon un de nos derniers sondages, 86% des répondants ont affirmé que pour choisir un consultant, ils utilisent leurs réseaux de contacts immédiats. En d’autres termes, lorsque des représentants d’entreprises prennent la décision de faire affaires avec un consultant pour un projet, ils recherchent la personne idéale dans leur réseau de contact proche, je trouve cela dommage, mais je comprends très bien le réflexe.
Dans les faits, faire une recherche de consultants parmi ses contacts personnels c’est un peu comme si une entreprise à la recherche de l’employé idéal pour un poste permanent demande à son réseau de contact immédiat des références et se contente de ce que le réseau propose, sans prendre en considération qu’il existe des centaines d’experts qui répondent probablement mieux au mandat que les personnes qui ont été référées.
D’un autre côté, cependant, je comprends qu’en affichant des mandats à combler sur les réseaux sociaux et en cherchant sur des sites de recherches, il peut devenir très lourd de gérer toutes les personnes qui manifestent leur intérêt. Et, comme j’ai mentionné au début de cet article, il est très difficile actuellement de juger la compétence des consultants si nous n’avons jamais entendu parler d’eux et n’avons pas de référence.
Dans tous les cas, le processus est souvent le même, les entreprises vont convoquer 3-4 consultants afin de comparer et leurs offres (prix, livrables et le fameux « fit » ), chaque consultant est dans une position subjective et veut « vendre » son service… ainsi, que le meilleur gagne!
Et le mandat démarre.
Un autre point important est que, souvent et malheureusement, le mandat n’aboutit pas et les résultats désirés ne sont pas “observables”. Pour plusieurs raisons, beaucoup de projets qui sont délégués à des personnes externes, ne portent pas fruits et sont laissés pour contre. Personnellement, je pense que c’est un manque de gestion de projets autour des mandats qui fait que ceux-ci se perdent « dans la brume » … J’en ferai probablement un autre article de blogue.
J’ajouterais aussi qu’une autre raison pour laquelle on ne voit souvent pas les résultats escomptés, c’est que les attentes étaient trop élevées et nous oublions que pour observer de grands changements organisationnels, il faut compter environ 3 ans, en gardant le cap.
Enfin, pour conclure, je confirme que je rencontre des centaines de consultants par année, je suis extrêmement fière de la plupart d’entre eux, ils sont braves, ils sont compétents, ils sont dévoués, ils sont sympathiques, plein de désir de réussir mais sont souvent très mal-à-l’aise avec l’aspect « ventes » et se retrouvent souvent dans des mandats où ils ne devraient pas « être » et vice-versa.
Ceci étant dit, tout le monde est beau, gentil et bien intentionné, il faut juste bien replacer les pièces du puzzle et un peu mieux encadrer le monde de la consultation et c’est la mission qu’on se donne.
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